Soutenance de thèse de Corentin SIRE
Catégorie(s) :
08 janvier 2025 · 14h00 – 18h00
Lieu :
Soutenance de thèse – Corentin Sire – Histoire conceptuelle du terrorisme
Chères et chers collègues,
J’ai le plaisir de vous annoncer la soutenance prochaine de ma thèse en histoire et en criminologie, intitulée
Comment désigner l’ennemi public international ? Une histoire conceptuelle du terrorisme.
réalisée sous la direction de Thomas Hippler (Université de Caen-Normandie) et d’Anthony Amicelle (Université de Montréal / Sciences Po Bordeaux).
La soutenance aura lieu le mercredi 8 janvier 2025 à 14h, à l’Université de Caen-Normandie (Maison de la Recherche en Sciences Humaines – Salle des Actes), et sera suivie d’un pot.
Un suivi en visioconférence est également possible. Pour obtenir le lien de connexion, merci de m’écrire à corentin.sire@unicaen.fr.
Jury de soutenance :
- Anthony Amicelle, Maître de conférences en science politique à Sciences Po Bordeaux et Professeur associé à l’Université de Montréal (directeur de thèse)
- Philippe Bonditti, Maître de conférences en science politique et relations internationales à l’Université Catholique de Lille (examinateur)
- Beatrice de Graaf, Professeure d’histoire des relations internationales et de la gouvernance mondiale à Utrecht University (rapporteuse)
- Thomas Hippler, Professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen-Normandie (directeur de thèse)
- Frédéric Mérand, Professeur de science politique à l’Université de Montréal (président)
- Chiara Ruffa, Professeure de relations internationales à Sciences Po Paris (rapporteuse)
- Simon Tordjman, Maître de conférences en science politique et relations internationales à Sciences Po Toulouse (examinateur)
Résumé :
Pourquoi parle-t-on tant de « terrorisme », alors même que l’imprécision de la notion et, en particulier, l’impossibilité à la définir d’une façon satisfaisante, sont inlassablement soulignées depuis plus d’un siècle ? Ce paradoxe, bien souvent attribué à sa nature politique et donc nécessairement polémique, est pourtant balayé, la plupart du temps sans grande explication, par les chercheur·euse·s du champ des terrorism studies, qui continuent d’ériger le « terrorisme » en concept analytique pertinent et objectivable. Les mêmes problèmes se donnent à voir en pratique avec ce qui se dit « antiterrorisme » et qui, par la désignation ambiguë de ses objets, peut dévier vers une forme de répression politique qui ne dit pas son nom. Le but de cette thèse est de prendre le constat de cette ambiguïté et polémicité du « terrorisme » au sérieux, constat trop facilement réduit à un lieu commun (résumé par l’adage selon lequel « Les terroristes des uns sont les combattants de la liberté des autres ») alors même que sa tangibilité historique aussi bien que ses effets politiques sont indéniables. L’enjeu est donc de retracer l’histoire des controverses sémantiques qui entourent le concept sociopolitique de terrorisme.
Défini, avec Reinhart Koselleck, comme un concept historique fondamental, le « terrorisme », notion apparue en France à la fin de l’été 1794 (comme nom de l’épisode dit de la « Terreur »), est à historiciser afin de voir en quoi son sens (loin d’aller de soi) et ses usages (toujours conflictuels) ont évolué au fil du temps. Il s’agit de réaliser une histoire du concept international de terrorisme, par le biais des discussions entourant sa désignation au sein de la Société des Nations puis de l’Organisation des Nations unies. La polysémie et l’ambiguïté du concept sociopolitique de terrorisme seront approchées au travers de la tension qui entoure sa désignation, tiraillée entre l’idéal d’une définition, juridique et universelle, et la réalité présente du listage, instrument policier également ouvert au « jeu des puissances ».
Il sera vu qu’après un XIXe siècle au cours duquel le « terrorisme » devient concept, celui-ci circule et commence à être formulé comme un problème international pendant l’entre-deux-guerres. Se globalisant jusqu’aux années 1970, le concept appelle en premier lieu une définition juridique. L’impossibilité de celle-ci est bientôt admise ; de là, il s’agit de la contourner, ce pour quoi le concept se trouve morcelé en une multitude d’actes définis un à un, puis bientôt en une myriade d’acteurs : le listage finit par s’imposer à la fin des années 1990, sans que l’idéal d’une définition universelle ne disparaisse jamais vraiment.
Derrière la tension entre définition et liste, il s’agira d’approcher les contradictions intrinsèques au concept de terrorisme, oscillant constamment entre des usages scientifiques, juridiques ou techniques qui tendent à le présenter comme un phénomène objectivable et ceux, plus clairement politiques, qui voient dans le « terroriste » la figure de l’ennemi public international. Ce faisant, cette histoire du concept de terrorisme sera aussi une histoire de la modernité et de la communauté internationale dites « antiterroristes », dont les contours sont sans cesse (re)négociés au travers de la désignation de l’illégitime international.
Mots-clés : terrorisme, histoire conceptuelle, organisations internationales, droit international, coopération internationale, définition, listage, Organisation des Nations unies, antiterrorisme, critical terrorism studies.