La journée d’études se donne pour objectif de croiser deux directions de recherche qui semblent s’être encore peu croisées, du moins de manière trop embryonnaire : l’histoire de la fiscalité et l’histoire de l’environnement. Le chantier semble si vaste que l’on propose, comme point d’entrée, de se focaliser sur la question des liens entre catastrophes et fiscalité. Certes, même en se limitant à l’historiographie disponible en français, les travaux portant sur ces catastrophes ont déjà souvent croisé les problématiques fiscales au travers de la question de l’indemnisation, en particulier pour les catastrophes dites «naturelles» (FAVIER 2002 ; PFISTER2002 ; LABBÉ 2017). L’enjeu de la journée d’études est, cependant, de retourner plus systématiquement la perspective pour interroger les effets des catastrophes dans l’histoire de l’impôt, entre spasmes conjoncturels aux conséquences temporaires et chocs structurels aux évolutions durables. Indéniablement, les aspects fiscaux des catastrophes sont très sous-explorés en histoire environnementale, peut-être parce que l’histoire économique s’intéresse finalement elle-même assez peu aux catastrophes malgré l’existence d’un champ disciplinaire de l’ «économie des catastrophes». Si la question des liens entre catastrophes et fiscalité est particulièrement centrale pour les sociétés agraires pré-industrielles, dont «on ne peut surestimer la réflexivité environnementale» tant elles «dépend[e]nt bien plus que nous-mêmes des aléas climatiques et de ressources naturelles beaucoup plus limitées» (FRESSOZ 2020, p.38 ; MORICEAU 2020), les sociétés industrielles et contemporaines sont évidemment également concernées. Pour cette raison, la perspective se veut de longue durée, c’est-à-dire sans période ni cadre géographique prédéterminés.

AFFICHE COLLOQUE — Impôt et catastrophes (Caen, septembre 2022)